Algues vertes : Bruxelles demande des comptes à la France

Publié le par Trébeurden Environnement

Moules et bigorneaux disculpés par les scientifiques

LEMONDE | 18.10.11 |

 

Les algues vertes ? Ce n'est pas nous, ou alors à peine, ont coutume d'assurer les représentants des agriculteurs bretons.

A qui imputer, alors, les marées nauséabondes d'ulves ? Les exploitants agricoles ont leurs idées : les citadins. A moins que ce ne soit la faute aux bouchots à moules qui freinent les courants dans les baies, ou aux bigorneaux, patelles et autres brouteurs d'ulves qui semblent avoir perdu le goût de brouter.

De toute façon, des algues vertes, il y en a toujours eu par ici, avancent-ils. Il suffirait de valoriser leur ramassage : un marché pareil pourrait rapporter gros. Cette histoire d'azote et de nitrates paraît bien compliquée, lançons des recherches et reparlons-en plus tard...

S'il y en est que ces allégations n'amusent pas, ce sont les scientifiques, qui publient depuis des années leurs travaux sur la prolifération des chlorophycées, nom savant des algues vertes. Face à l'aveuglement des irréductibles, la moutarde aux algues vertes va finir par leur monter au nez.

A la demande de la préfecture de Bretagne, des chercheurs de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), d'Agrocampus Ouest, du Centre d'étude et de valorisation des algues (CEVA) et de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) ont pris le temps de répondre à cet argumentaire rebattu et largement alimenté par un pseudo-Institut de l'environnement au service de quelques noms de l'agroalimentaire.

Ils font le point en une douzaine de pages nourries d'une importante bibliographie internationale et réfutent les réflexions inspirées par le déni. La prolifération relève d'un "mécanisme bien connu", rappellent-ils, de l'eutrophisation liée à l'enrichissement des eaux littorales en azote inorganique. "Eutrophe signifie "bien nourri"", rappelle un chercheur du CEVA.

En Bretagne, où les rejets domestiques diminuent grâce aux stations d'épuration, les apports d'origine agricole n'ont cessé d'augmenter. Ils observent par ailleurs que les gastéropodes amateurs d'algues vertes vivent sur les rochers, pas dans les zones d'estuaire ni les plages où les ulves sont massées.

En outre, les crustacés qui pourraient être les nouveaux prédateurs des algues vertes jouent au contraire un rôle de nettoyeur qui leur donne un meilleur accès à la lumière et aux sels nutritifs.

Cette synthèse scientifique rédigée au printemps n'a pas encore été publiée.

Martine Valo

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